Potosi est la ville la plus haute du monde. A plus de 4000 m. d'altitude, on ne court pas dans les rues, sauf les gamins du coin qui font fi du manque d'oxygène.
Le trajet de Sucre était simplement fabuleux. On a vraiment l'impression de parcourir sur une centaine de kilomètres les sommets de la terre.
Le matin de mon départ, alors que je cherchais un musée à visiter, je suis tombée sur un défilé trés coloré d'ethnies différentes dansant et jouant de la musique. Il y avait foule sur la "plaza principal" et les groupes de danseurs semblaient inépuisables.
Sur une estrade, des huiles, officiels du coin, parlaient des efforts déployés par la ministre de la culture dont j'ai oublié le nom.
les soques de bois portées habituellement sont, les jours de fête, agrémentées de cimbales crantées
Des enfants du café internet à qui je demandais la signification du balancer de la peau d'animal cousue lors de cette fête, m'ont répondu qu'il s'agissait de représenter la maitrise de l'homme sur l'animal. En tous cas impressionnant.
A Potosi aussi, j'ai de la chance car on m'avait avertie : ici, il fait toujours froid, été comme hiver. C'est vrai que les nuits sont bien fraîches mais le soleil est chaud dans la journée ce qui est parfait pour moi.
J'aime bien cette ville construite à flan de montagne. Les ruelles sont étroites et toute en montée, ce qui fait qu'elles sont toutes à sens unique. Les gaz d'échappement sont insupportables mais si on parvient à en faire abstraction, la ville est agréable. Les places sont noires de monde à certains moments de la journée. On dirait que c'est le centre juridique du pays car les avocats sont pléthoriques et on voit toutes sortes de gens avec des dossiers à la main. La faculté de droit semble importante.
C'est le pré-carnaval depuis une bonne semaine et à Sucre comme ici, à la sortie des écoles, on assiste à des batailles d'eau entre garçons et filles. Ou plutôt : les garçons pourchassent les filles avec des sacs plastiques remplis d'eau qu'ils jettent sur elles. Quand ce n'est pas de la mousse à raser. Rares sont les filles qui se défendent et s'arment à leur tour. A ces moments de batailles désorganisées, les stands s'empressent de protéger leurs marchandises de plastique, comme par temps de pluie. Le carnaval commence le 4 mars.
Samedi aura lieu le carnaval des mineurs alors j'attends jusque là à Potosi.
La grande attraction touristique de la ville est la visite des mines. Les tour opérateurs organisent une "expérience véridique et exceptionnelle" et le touriste, déguisé en mineur, se rend dans ses tombeaux humains où encore aujourd'hui travaillent quelque 800 enfants en dépit des lois interdisant le travail au moins de 18 ans. Je n'irai pas grossir les rangs des touristes car il s'agit à mon sens non seulement de voyeurisme, mais en plus de permettre à des agences de s'enrichir aux dépends des mineurs. Certes, 15% est reversé à des associations de mineurs mais c'est tellement peu.
Par contre, j'ai vu hier soir le film relatant la vie d'un mineur de 14 ans et l'histoire de ces mines de Potosi. Bouleversant. Les mineurs meurent de silicose vers 35 ans. Et c'est encore malheureusement d'actualité.
La veille, j'avais visité l'église San Francisco qui est également musée et mirador avec une guide passionnante qui parlait non seulement de l'histoire de la cathédrale mais qui a également parlé de toute la vie de sa ville, des mineurs, pourquoi les coopératives avaient en fait été récupérées au profit de quelques-uns. Potosi, ville bien plus importante en population que Londres ou Paris il y a deux siècles encore.
la montagne, exploitée depuis l'arrivée des Espagnols dans cette ville il y a environ deux cent ans
vue du mirador de l'église