On a célébré cette semaine en Bolivie la commémoration de la perte de l'accès à la mer. Il y a 132 ans de cela, et au terme d'un long conflit armé avec le Chili, les tractations ont privé la Bolivie du débouché sur la mer. L'économie s'en ressent bien sûr et le président Evo Morales a prononcé un discours le 23 en réclamant cette partie indûment perdue. Depuis, les media font la une sur le sujet et les tribunes se succèdent pour défendre l'idée. Dans le journal de ce dimanche 27 à nouveau une tribune avec photos en couleur du président et d'un navire en pleine mer.
Les défilés des collégiens ressemblaient à mes yeux à des défilés militaires. Militaires que je trouve par ailleurs assez présents dans la vie quotidienne. Lors des manifestations ou défilés bien entendu mais aussi chargés des nombreux postes contrôle sur la route ou dans les villes.
La veille, on avait fêté la journée internationale de l'eau et les enfants des écoles primaires avaient été invités à produire dessins, banderoles et slogans pour demander le respect et l'économie de l'eau.
On ne peut qu'applaudir une telle initiative. Cependant, une journée bolivienne de la propreté devrait être mise au programme.
interdiction de jeter des ordures
amende de 500Bs - Potosi
Les rues des villes sont propres le matin mais à partir de midi, les papiers, sacs plastiques, emballages de toute sorte, etc. recommencent à joncher le sol. Et que dire des abords des cités ou de la merveilleuse nature de ce pays ? On roule sur des centaines de kilomètres et ça et là sont éparpillés des bouteilles plastiques, des canettes de bière, des pneus, des déchets de toute taille. Si encore ce n'était que restes de sandwich ou peaux de bananes, biodégradables. Pourquoi alors les villes sont-elles propres et la campagne non ? Mon explication : des agents municipaux, en général des femmes, sont assignées à la propreté dans les villes et font un travail considérable. Dans ce contexte, on peut à loisir tout jeter par terre. Mais il n'y a personne pour effectuer cette tâche dans les montagnes ou endroits reculés du pays. Or, comme les gens ont pris cette habitude, ils jettent par la fenêtre des bus leurs détritus ou s'ils travaillent, laissent sur place bouteilles de coca ou bière sans se soucier de l'environnement. Mais si mon hypothèse est fausse ou bien si vous avez une autre idée, je suis preneuse !
Les enfants sont sensibilisés dans les écoles mais s'ils voient les adultes jeter par terre, ils ont tendance à faire de même. Peut-être est-ce seulement une question de temps ?
Dans les villages, près des marchés par exemple, on est (sur)pris au nez par les effluves des urines. Le besoin est certes naturel, messieurs, mais il existe des toilettes publiques partout. Payantes, je le concède. L'odeur âcre est persistante mais cela ne semble gêner personne.
Par contre, s'il est une odeur que j'apprécie en Bolivie, si particulière, c'est celle des feuilles de coca mâchées. Dans les bus, pour peu que vous soyez assis(e) près de quelqu'un qui chique, la coca sent très fort. En infusion, elles sont aussi très agréables à boire.
Le président a pris soin lors d'une réunion des Nations Unies à bien faire la différence entre la feuille de coca, partie intégrante de la culture populaire bolivienne et inoffensive et la cocaïne, son dérivé chimique nocif. N'oublions pas que Monsieur Morales est un ancien cocalero, cultivateur de coca.
Il me semble que tous les Boliviens aiment ce qui est sucré. Pourtant, El Deber (journal Le Devoir assez tendencieux évidemment) de ce dimanche 27 faisait sa une sur les cinq maladies les plus mortelles en Bolivie et assurait que l'obésité était la menace du 21ème siècle. Selon le dernier sondage de 1998, 30% de la population du pays étaient atteints d'obésité. Le manque d'exercice physique est pointé du doigt (1 heure de gymnastique à l'école seulement) ainsi que le temps passé devant les écrans de télé ou de jeux vidéo.
On voit dans les rues les enfants tout comme les adultes sucer des chupetas, ces sucettes rondes qu'on met une heure à finir, manger des bonbons ou des barres chocolatées à tout bout de champ, se promenant avec une bouteille de coca cola ou de fanta à la main. Dans les menus du jour, ce qu'on appelle le refresco n'est généralement pas frais du tout mais par contre toujours sucré. C'est un sirop d'abricot, de prune ou autre dilué et sucré. Lorsque vous demandez un café, un thé ou une tisane dans un marché ou sur un stand de rue, on vous le sert toujours avec deux bonnes cuillerées de sucre. Le pain tout simple est lui aussi un peu sucré. Quand on en fait un sandwich à l'oeuf par exemple pour le petit déjeuner, c'est un peu bizarre. Du moins pour moi qui ne m'y suis pas vraiment habituée.
les fameux refrescos
empanada de queso,
chausson au fromage saupoudré de sucre glace Tout est meilleur avec coca cola
De manière surprenante, on voit peu de gens fumer. Peut-être le font-ils dans l'intimité de leur maison ? A la tombée de la nuit, dans les squares, les jeunes affluent pour se retrouver et là, on peut en trouver quelques-uns la cigarette à la main, mais c'est assez rare. En comparaison, les jeunes touristes, les Français pour ne citer qu'eux, fument beaucoup. On vend pourtant des paquets de cigarettes ici comme ailleurs. Mystère.
Le bruit semble être un signe de gaieté et de vie pour tout le monde. Dans les bus longue distance, outre un film américain sur l'écran, le voisin de droite écoute sa musique pendant que celui du fond en écoute une autre, de genre différent mais aussi fort. Dans les cafés internet, les garçons qui jouent à des jeux en ligne parfois à plusieurs sur un poste s'interpellent en criant d'un endroit à un autre, mettent leur musique plein pot et ma voisine regarde une télé-novela à plein volume de manière à ce que je ne perde rien de l'histoire... Difficile de se concentrer dans ces conditions.
D'accord, des goûts et des odeurs, ou des couleurs si vous préférez, on ne discute pas, surtout à l'étranger. Ça fait partie du dépaysement, non ?